Philosophie

L’authenticité de l’argentique est elle en danger?

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Qu’est ce qui est important pour vous? Le voyage ou la destination? Travailler en argentique ou le résultat final?

Travailler en argentique implique un certain nombre de contraintes. Dans certains cas, s’en passer serait un vrai plus mais le résultat final aurait-il la même valeur ou la même qualité?

Aujourd’hui les moyens informatiques mis à notre disposition nous permettent de brouiller magistralement les pistes entre l’argentique et le numérique. Parfois, cela fait réfléchir à l’intérêt d’utiliser une méthode plutôt qu’une autre. Il est vraiment devenu facile de faire croire au spectateur lambda que ce qu’il voit est de l’argentique alors que ce n’en est pas… Du coup, pourquoi se rendre la tâche difficile? Qu’est ce qu’on y gagne vraiment?

3 types de photographes

1- Le pur et dur

En terme d’authenticité, je le verrais comme le plus authentique. Il ne travaille qu’en argentique et ne présente au public que de l’argentique. Pas trop de question à se poser, c’est tout en argentique et on le sait!

2- L’ouvert

Encore une fois, en terme d’authenticité, pas de problème. L’ouvert travaille en argentique et en numérique mais il fait très bien la différence dans les travaux qu’il présente. En tant que spectateur ou abonné, vous savez toujours ce que vous regardez. Il est très clair, ça c’est de l’argentique et ça c’est du numérique… J’avoue, j’aime bien savoir et ça me plaît de savoir!

3- L’artiste

Là, ça devient compliqué de s’y retrouver. L’artiste utilise ses appareils photos comme des outils et considère qu’on s’en fiche de savoir si c’est l’un ou l’autre! C’est tout à fait vrai! Après tout, ce qui compte c’est bien ce que je regarde et non pas comment ça à été fait qui devrait être important! Pourtant, j’aimerais tellement savoir… L’artiste peut mélanger, changer, modifier. Ce n’est pas un problème, du moment que l’émotion est là, il n’y a pour lui pas de limite.

Les limites

Ok, l’artiste n’a pas de limites. Il peut convertir un film couleur en noir et blanc ou même appliquer des filtres sur ses photos numériques jusqu’à ce que l’on puisse croire facilement que c’est de l’argentique. Mais quelles sont les limites du « pur et dur » ou de « l’ouvert »?

Est-ce que l’authenticité a de l’importance pour vous? Si vous avez choisi une pellicule couleur pour une session, convertiriez vous le résultat en noir et blanc car c’est finalement plus joli?

Est-ce que vous faite votre cadrage à la prise de vue et hors de question de recadrer en post-production? Est-ce que vous ne présenteriez jamais une photo en version miroir même si elle est bien plus jolie comme ça?

Est ce que vous glisseriez une ou deux photos numériques au milieu d’une série argentique car elles apportent le petit plus qui aurait manqué?

Les cas de conscience

Parfois, la technologie évolue d’une façon irrémédiable et fournit des moyens d’embrouiller le spectateur à un nouveau niveau!

L’exemple qui me vient en tête est le Polaroid labAvant cette technologie, j’étais facilement impressionné par le savoir faire et le talent de certains photographes qui travaillaient en Polaroid. Je savais ce que cela représentait en termes de difficulté pour vraiment bien saisir un bon moment et chaque Polaroid était vraiment unique et authentique.

L’invention du lab a pour moi tout ruiné de cette magie. Aujourd’hui, vous pouvez faire des vidéos avec votre téléphone, prendre 1000 fois la même photo jusqu’à avoir enfin la photo qui devrait rester. Puis on la modifie à souhait pour la rendre encore plus belle et hop, on l’imprime avec le lab autant de fois qu’on veut… Mais non, ce n’est pas ça un Polaroid 🙁

Pourtant, il y a aussi des côtés positifs, ce lab ouvre de nouvelles opportunités pour les artistes. On peut maintenant créer des oeuvres qui étaient avant impossibles (sans jeu de mot 😉 ), des collages, des effets spéciaux,… Il est aussi plus facile de donner un Polaroid « imprimé » et de partager plutôt que de se contenter d’un Polaroid unique que l’on ne peut pas dupliquer. Mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Perso, j’aurais vraiment voulu garder la magie de l’unicité de chaque Polaroid.

Le deuxième exemple qui me vient en tête, ce sont les packages de plus en plus réalistes de bords de cadres argentiques pour Lightroom ou Photoshop. Il devient vraiment facile de faire croire qu’une photo est argentique alors qu’en fait ce n’est qu’un montage numérique. Heureusement certains montages me font encore sourire comme un bord de pellicule Kodak TriX sur une photo couleur 😉 Là, le montage est clairement « grillé » mais combien de fois n’y ai-je vu que du feu?

Que faire?

Pourquoi est-ce si important pour moi de connaître le comment?

Et bien en fait ca dépend. Parfois, j’ai juste envie de savoir quel est l’objectif qui a été utilisé car j’aimerais beaucoup ajouter ce type d’effet à mon travail. Argentique ou numérique n’a pas d’importance dans ce cas.

Parfois, j’ai vraiment envie de savoir si c’est de l’argentique ou pas, car je suis curieux et je voudrais savoir si le photographe fait partie de la « communauté ». Ou alors, cela rajoute une difficulté supplémentaire que j’ai envie de saluer! Genre photo de voyage. Je sais à quel point il est difficile de se trimbaler avec tout son barda! Comme par exemple pour le travail magnifique de Frédéric Lagrange en Mongolie. Le Pentax 67 est vraiment loin du format voyage!

Puis, il y a les moments où vraiment peu importe. Ce que je vois est juste simplement beau et vraiment, ce n’est plus important pour moi de savoir. Ce sont d’ailleurs souvent les artistes qui arrivent à déclencher ça. Très récemment, j’ai découvert le travail de Sébastien Zanella et je ne sais pas ce qu’il utilise mais ça ne change rien à la poésie.

Enfin, le top du top, c’est quand l’artiste est aussi un pur et dur 🙂 , le voyage est aussi important que la destination comme par exemple (et oui, si vous avez lu déjà quelques articles comme celui là, vous savez très bien le nom qui arrive comme exemple 😉 ) et bien sûr, c’est Jan Scholz a.k.a. Micmojo dont le travail sublime m’inspire toujours tellement!

Et vous, quelles sont vos limites?

Merci pour votre lecture et surtout n’hésitez pas à partager vos impressions ou à parler de vos propres limites dans les commentaires!


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One Comment

  • L.

    « L’authenticité de l’argentique est elle en danger ? »
    — Non, la photographie ne détrônera pas la peinture ! même si cela fut avancé par de nombreux écrivains de renom au XIXe siècle (je vous laisse rechercher les auteurs tant cela est surprenant de leur part). Photographie et peinture ont évolué depuis le calotype, sans que l’une ne nuise vraiment à l’autre, comme deux disciplines distinctes, avec cependant des interférences. (Pour mémoire, dans les années 1970 encore, rappelons le vide sidéral de la photographie dans le milieu de l’art, limité aux seuls constats d’ateliers ou performances !)
    Tout comme aujourd’hui, la photographie et la « numérigraphie »* ont toutes deux lieu d’exister tant différentes elles sont avec, comme peinture-photographie, des interférences.
    Certaines démarches créatives se réclament de la photographie stricte par respect du ça-a-été barthien (le support originel d’enregistrement en faisant foi) ; d’autres trouvent leur pleine force avec une « image » mathématique, inexistante ; rien d’étonnant non plus à mêler les deux. L’artiste est libre et est suffisamment armé pour affronter fond et forme afin de nous faire rêver.
    Une chose certaine en ce début de XXe siècle : la « numérigraphie » n’existe pas encore et n’a pas trouvé non plus son support ; elle pâtira de tous les maux tant qu’elle singera — plutôt mal — la photographie. Cette technologie est encore trop fraîche pour avoir un recul lucide.
    L.

    * Néologisme proposé par l’auteur de ces lignes pour désigner l’image obtenue avec l’électronique, c’est-à-dire immatérielle en ce qui concerne la matrice.

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