Les pellicules négatives couleurs périmées
Pourquoi et comment utiliser des pellicules négatives couleurs (C41) périmées?
Tout d’abord, toutes les pellicules ne sont pas égales face à la péremption.
Les pellicules qui résistent le mieux sont les pellicules « noir et blanc » grâce à leur chimie vraiment stable.
Ensuite, nous avons les négatifs couleurs qui ont aussi une bonne résistance au temps surtout dans de bonnes conditions de conservation.
Après, loin derrière, nous trouvons les diapositives (couleur ou noir et blanc), leur chimie est plus instable et les corrections beaucoup plus difficiles à réaliser au tirage ou au scan.
Enfin, les pellicules Infra-rouge sont celles qui supportent le moins le vieillissement. Elles sont quasi inutilisables après seulement quelques années de péremption même au congélateur.
L’ISO est aussi un facteur très important sur la dégradation des pellicules. Plus l’ISO est élevé, plus la pellicule est sensible, plus l’émulsion est instable et se dégrade rapidement.
Les films à grand ISO sont à consommer rapidement.
Pourquoi utiliser des pellicules périmées?
Tout d’abord, cela permet d’essayer des émulsions qui ne sont plus produites. Perso, j’ai été très content de pouvoir utiliser de la Kodak Portra 160VC car j’étais curieux de voir ce que cela pouvait donner.
Ensuite, vous avez pu recevoir un lot ou trouver un lot à un prix défiant toute concurrence et c’est toujours sympa pour pouvoir essayer un appareil photo ou expérimenter sur une technique de prise de vue.
Enfin, juste pour le plaisir d’expérimenter ou pour le look un peu vintage qui vient avec les pellicules bien conservées.
Comment les utiliser?
Tout dépend de la conservation! Une pellicule qui aura passé 20 ans au congélateur n’aura pas la même qualité qu’une pellicule qui aura passé quelques années dans le coffre d’une voiture en Guadeloupe 😉
Donc:
– Au congélateur depuis la production, jusqu’à 20 ans, la pellicule peut s’utiliser normalement. Ensuite, vous pouvez rajouter 1/2 stop d’exposition pour chaque dizaine supplémentaire.
– Au frigo depuis la production, jusqu’à 10 ans, la pellicule peut s’utiliser normalement. Ensuite, vous pouvez rajouter 1/2 stop d’exposition pour chaque dizaine supplémentaire.
– Au sec, dans le noir, jusqu’à 20/25°C max, on peut appliquer la règle d’or des films périmées d’un stop pour chaque dizaine d’années de péremption.
– Mauvaise conservation, au chaud ou à l’humidité, il est quasiment garanti d’avoir des mauvais résultats. A n’utiliser que si vous êtes prêt a perdre ces photos.
La conservation inconnue
– Conservation inconnue, pareil, on peut appliquer la règle d’or des films périmées (1 stop de surexposition pour chaque dizaine) mais aucune garantie du résultat!
Dans le cas très courant de la conservation inconnue, pourquoi la règle d’or des films périmés peut aussi s’appliquer sur les films bien conservés? En fait, les négatifs couleurs supportent très bien la sur-exposition. Il m’arrive fréquemment d’utiliser la Kodak Portra 400 à 100 ou 200 et j’aime beaucoup les résultats. Donc une pellicule bien conservée supportera très bien la sur-exposition, ainsi la règle d’or s’applique sans problème.
Par contre, les pellicules périmées et moins bien conservées développent un voile grisâtre au cours du temps. Dans ce cas, la sur-exposition sert à obtenir un contraste raisonnable et aide à garder le grain «sous contrôle».
Pour ceux qui développent à la maison et qui travail en 35mm
L’avantage est de pouvoir tester la pellicule en ne prenant qu’une photo et en la développant seule. Ça permet de savoir dans quel état est la pellicule et d’ajuster pour le reste. Malheureusement, ce n’est pas possible pour le moyen format.
En moyen format, l’idéal est d’avoir plusieurs pellicules dans un même lot. Cependant, les résultats de l’une ne garantissent pas les résultats d’une autre sauf si le lot était au frigo ou au congélateur. Mais pour un lot qui était par exemple près d’une fenêtre, les pellicules du dessus qui ont reçu la lumière directe du soleil seront nettement moins bien conservées que celles du dessous qui étaient un peu mieux protégées.
Quand on ne peut pas tester sur une seule photo tout n’est pas perdu. Une autre astuce qui s’applique à tous les formats, c’est le bracketing d’exposition, cette technique consiste à prendre la même photo mais à des expositions différentes. Merci à Maxence qui a fait ce commentaire sous la vidéo Youtube 😉 Effectivement, vous aurez peut être moins de photos mais plus de chances d’avoir la bonne exposition sur une photo qui vous tient à coeur. C’est aussi un très bon moyen de mieux connaitre votre stock si vous avez d’autres pellicules du même lot.
A ne pas faire:
– Utiliser des pellicules non testées pour un travail important. Quand vous utilisez un stock que vous ne connaissez pas, soyez toujours prêt à perdre ces photos.
– Oublier de dire au labo que les pellicules sont périmées. En effet, le labo pourrait se poser de sérieuses questions sur sa chimie ou au moment des scans, évitez-leur cette surcharge. Le Labo passera aussi certainement ces pellicules en dernier en raison de l’impact potentiel sur la chimie. Vous épargnerez des dégâts éventuels sur les photos des autres!
J’espère que cet article vous aura aidé et que vous avez toujours envie de tester vos pellicules périmées. Si vous n’avez plus envie d’essayer vos pellicules périmées , n’hésitez à me les envoyer 😉 ou bien lisez cet article! Pas besoin de faire dans le périmé pour avoir des effets incroyables et imprévisibles.
Si vous vous demandez où acheter des pellicules périmées, voici une bonne adresse: Les Ateliers de Marinette.
Merci pour votre lecture et à très bientôt. Pour les questions, il y a la section commentaires ci dessous ou les réseaux sociaux Facebook et Instagram!
4 Commentaires
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Carlos Rosales
Cher Thomas, j’ai bien aimé votre site et je vois que vous connaissez bien la photographie avec des films périmés.
Hier j’ai shooté un film 120 soviétique noir & blanc Svema de 64 asa. Ce film a expiré en octobre 1989.
Auriez-vous une notice d’instruction pour le développement du film?
Merci d’avance,
Carlos
Thomas Domise
Bonjour Carlos,
Comme discuté sur Insta, mais au cas ou cela pourrait intéresser d’autres lecteurs, le site que j’utilise pour trouver les temps de développement est Massive dev chart: https://www.digitaltruth.com/devchart.php?Film=Svema%25&Developer=&mdc=Search&TempUnits=C&TimeUnits=D
Après, pour les pellicules expirées, c’est mieux de les surexposer pour compenser « le voile gris » qui s’installe avec le temps donc vaut mieux le prévoir dès la prise de vue.
Bonne journée et à bientôt
Thomas