Numérisation

L’interprétation des couleurs et colorisation des négatifs

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L’interprétation des couleurs des négatifs au scan ou l’inversion des couleurs à la numérisation reste le problème numéro un pour beaucoup de photographes. Certains ne travaillent qu’en noir et blanc à cause de ça ou passent simplement par un labo. Et même en passant par un labo, certains restent déçus du rendu.

Je vois régulièrement passer la question du rendu des couleurs par des photographes qui veulent obtenir les couleurs spécifiques d’une pellicule. Prenons la Portra 400 par exemple, certains photographes vont vouloir obtenir le rendu brut de la Portra 400, comme si il existait une référence unique et immuable.

J’avoue avoir mis du temps à me détacher de cette idée. En fait mon coeur balance encore, comme beaucoup, je croyais qu’il existait un rendu technique spécifique immuable à la Portra 400 (comme pour n’importe quelle autre pellicule). Mais en fait non, a priori, ce n’est pas comme ça que ça se passe!

C’est d’ailleurs suite à des remarques au sujet des couleurs sur un post Instagram qu’il m’est venu une idée: faire scanner la même pellicule par plusieurs labos.

Aller plus loin avec la Lomochrome Metropolis

Récemment, j’ai testé la Lomochrome Metropolis, une nouvelle pellicule de Lomography qui a un rendu un peu plus désaturé et unique. Au lieu d’avoir une base orangée comme toutes les pellicules négatives couleurs, la Metropolis a une base verte. Après avoir posté les résultats sur le blog et Instagram, j’ai reçu des commentaires du style:

  • « Ça ne correspond pas du tout à ce que j’ai reçu du labo avec la même pellicule »
  • « C’est vachement bleuté »
  • « Ah, c’est plus vert que d’habitude ».

La pellicule étant relativement récente, je me suis demandé comment savoir qui avait « raison »… J’aimerais bien que mes scans soient des scans qui évoquent la Lomochrome Metropolis et non pas des scans avec des couleurs « farfelues ». Mais comment savoir? Qui peut me dire quelle est la référence et à quoi un scan doit vraiment ressembler?

Le recours aux labos

Comme je ne savais pas à quoi ces photos devaient ressembler, j’ai d’abord fait appel à Lomography! Qui est mieux placé que le fabricant pour me faire des scans de cette pellicule? A mon grand plaisir, Lomography a bien voulu jouer le jeu et scanner cette pellicule! Merci Lomography France 😉

Pour aller plus loin, je me suis demandé à quoi ressembleraient les scans faits par d’autres labos. Ressembleront-ils à ceux de Lomography? Seront-ils différents? Pour ça, j’ai contacté plusieurs labos et c’est Arcanes Photo Labo à Montpellier et Carmencita Lab en Espagne qui ont été emballés par l’idée et on répondu présent!

Mais tout d’abord, revenons à ce que nous allons utiliser comme scans de référence: les scans du Lomolab de Vienne en Autriche directement au siège de Lomography!

Les scans de Lomography – Lomolab de Vienne

Pour info, ils ont utilisé un Fuji SP-2000, vous allez voir que comparé à mes scans avec l’Epson V850 suivant la méthode décrite ici, ça n’a franchement rien à voir!

Lomography – Mon scan

Effectivement, mon scan était vraiment trop vert ou bleu suivant les uns ou les autres!

Lomography – Mon scan

Sur cette photo d’Ami 8, en plus des meilleures couleurs, ce qui m’a surpris c’est l’extra netteté sur l’avant de la voiture! Les scans du Lomolab sont vraiment trop beaux.

Lomography – Mon scan

Ici, on voit bien que j’étais vraiment « off » avec mes couleurs menthe à l’eau…

Lomography – Mon scan

Les scans de Lomography font vraiment ressortir les propriétés de cette pellicule et les photos ont vraiment plus d’impact.

Lomography – Mon scan

Le niveau de détails est aussi incroyablement différent.

Maintenant que Lomography m’avait fourni une référence solide, j’étais curieux de savoir ce que me fourniraient les autres labos. Une fois la pellicule revenue de son voyage à Vienne, je me suis rendu chez Arcanes Labo Photo pour passer une matinée hyper instructive avec Mickaël!

Les scans d’Arcanes Labo Photo

Chez Arcanes, Mickaël a utilisé un Imagus 1500 Pro. J’ai aussi rapidement découvert qu’ils avaient un gros niveau de compétence dans la maîtrise des couleurs. Chez Arcanes, il y a une hygiène des couleurs. Les espaces colorimètriques sont apprivoisés et tout le matériel est calibré. Cela paraît être la base pour certains mais croyez moi, tous les labos ne travaillent pas avec ce niveau de compétence…

Mickaël a donc sorti des scans bruts, entendez par là, « calibrés et neutres » et voilà ce que cela donne comparé aux scans de Lomography:

Lomography – Arcanes « brut »

Là, j’avoue que je préfère la version plus neutre d’Arcanes, un peu moins foncée et un peu moins verte dans les ombres.

Lomography – Arcanes « brut »

Par contre, pour l’Ami 8, je préfère le scan de chez Lomography mais celui ci est édité pour servir de référence donc c’est peut-être normal 😉

Lomography – Arcanes « brut »

On voit toujours une différence de couleurs mais les deux images sont belles. Ce n’est pas comme mon scan totalement à l’ouest…

Lomography – Arcanes « brut »

Là, on se rends compte qu’il y a eu un petit problème de crop. Si je n’avais pas été là à poser toutes ces questions à Mickaël on s’en serait sûrement aperçu et on n’aurait refait le scan. Mais je ne l’ai vu qu’au moment d’écrire l’article.

Si vous avez un doute sur un crop n’hésitez pas à vérifier votre négatif dès que vous le pouvez, le labo n’hésitera pas à refaire le scan en cas de problème.

Lomography – Arcanes « brut »

Les scans d’Arcanes sont vraiment une excellente base brute pour ces photos. Ils sont un peu différents de ceux fournis par Lomography mais ils remplissent des fonctions différentes. Ceux de Lomography sont édités pour fournir une référence visuelle pour la Lomochrome Metropolis alors que ceux d’Arcanes sont des scans bruts qui demandent à être ajustées par le photographe.

Pour aller plus loin

Du coup, dans ma quête de référence j’ai posé la question suivante à Mickaël: « Est-ce que tous les scans bruts devraient se ressembler si le matériel est bien calibré? » A priori oui, il y aura toujours des différences mais elle devraient être plutôt minimes.

Je suis donc reparti de chez Arcanes avec une idée un peu différente de celle que j’avais en arrivant: « il existerait une référence de base pour les scans » et chaque labo devrait pouvoir s’en rapprocher.

Bonus

Comme une photo c’est toujours plus qu’un fichier et qu’un bon scan est un scan qui s’imprime avec le niveau de détails désiré, pas plus, pas moins… Mickaël m’a imprimé les photos sur trois papiers différents! Brillant – Lustré – Mat. Très difficile de voir la différence sur une photo mais le mat est extraordinairement mat! Grâce à leur bonne maîtrise des couleurs, les images à l’écran étaient identiques en couleurs aux impressions!

interprétation des couleurs des négatifs et impressions
Les différents papiers avec différent niveau de brillance

C’est avec un grand sourire, une tête pleine d’info et un sac plein de pellicules que je suis reparti de chez eux!

Il était temps maintenant pour cette Lomochrome Metropolis de continuer son mini tour européen et de partir en Espagne chez Carmencita Film lab.

Les scans de Carmencita Film lab

Chez Carmencita il est possible de choisir le scanner, je leur ai donc demandé s’ils pouvaient utiliser leur Noristsu! J’aime bien le rendu et ils peuvent même scanner les bordures quand on le demande!

Petit bonus très intéressant, ils m’ont fourni deux scans de chaque photo: le scan brut et le scan édité! Il n’y a pas une très grande différence entre les deux mais nous allons comparer les scans édités avec ceux du Lomolab et les bruts avec ceux d’Arcanes.

Les scans édités

Lomography – Carmencita édité

On voit de suite qu’il fait plus chaud en Espagne, la balance des blancs est beaucoup plus chaleureuse!

Lomography – Carmencita édité

Les couleurs sont différentes mais on garde l’esprit de la Metropolis

Lomography – Carmencita édité

Par contre, sur celle-ci, je n’aurais sûrement pas pu deviner la pellicule d’après le scan de Carmencita.

Lomography – Carmencita édité

Encore une autre photo où la différence est flagrante. J’avoue que c’est un petit peu ce que j’espérais en lançant ce projet 😉

Lomography – Carmencita édité

Les scans bruts

Tout d’abord et par curiosité, je vous montre une comparaison entre la version brute et la version éditée de chez Carmencita, juste pour la première.

Carmencita brut – Carmencita édité

Comme vous pouvez le voir la différence n’est pas énorme mais elle est bien là!

Ensuite, comparons les deux versions brutes que j’ai reçues. D’après ma discussion avec Mickaël (Arcanes), les fichiers bruts devraient être relativement similaires mais qu’en est-il vraiment?

Arcanes brut – Carmencita brut

Les deux versions sont assez différentes pour éveiller ma curiosité. Je ne m’attendais pas à une telle différence après la discussion avec Mickaël. Cela me ramène à ma première théorie, chaque scan est différent. Même si vous avez du matériel calibré, le matériel est différent et il y a une interprétation logicielle qui va intervenir pour faire l’inversion. À moins d’utiliser la même chaine du début à la fin, il devrait y avoir une différence.

Arcanes brut – Carmencita brut

Un petit peu rosé pour Arcanes et un peu jaunie pour Carmencita. Les deux sont d’excellentes base de travail pour un photographe mais comment expliquer cette différence? Spoiler alerte, je n’ai pas encore cette réponse…

Arcanes brut – Carmencita brut

Plus le labo est dans le sud, plus les couleurs sont chaudes?

Arcanes brut – Carmencita brut

Photo du matin versus photo du soir?

Arcanes brut – Carmencita brut

Voilà pour les scans de Carmencita!

Pour info et pour la petite histoire, il y a plusieurs années, j’avais eu l’occasion d’avoir deux versions de la même photo scannée par Carmencita et les deux versions étaient légèrement différentes. Même matériel, même logiciel mais opérateur différent:

Un café avec Flo – Bristol – Portra 800 2 scans / 2 ambiances

Ces deux scans sont très similaires mais malgré tout, ils ne sont pas identiques.

Conclusion

D’abord un grand merci à Lomography France, Arcanes Labo Photo et Carmencita Film Lab pour avoir bien voulu participer à cette expérience sur l’interprétation des couleurs!

Une chose est sûre, c’est que chaque scan est unique et établir un profil colorimétrique pour un type de pellicule sera sûrement une expérience propre à chacun. J’ai maintenant ma petite idée de ce à quoi doit ressembler la Lomochrome Metropolis, tout comme j’ai mon idée de ce à quoi doit ressembler la Kodak Portra ou la Fuji 400H mais il est fort possible que cette idée soit en fait différente de la vôtre…

Ce qui est important c’est ce que vous (ou votre labo) vous arrivez à faire avec tel ou tel stock. Ce n’est pas une compétition. Une photo va vous sembler trop bleue ou trop verte mais il est important de garder en tête qu’il n’y a pas de représentation unique et universelle. Les goûts et les couleurs sont propres à chacun! Après cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas discuter ou progresser, mes scans étaient carrément off et je préfère sincèrement les versions que j’ai reçues des labos! Par contre, suivant les photos, je préfère la version de tel ou tel labo!

Le mot de la fin

N’oubliez pas qu’au final, c’est vous en tant que photographe qui devez décider quelle interprétation est la meilleure par rapport à ce que vous avez vu, par rapport à comment vous vous souvenez du moment et surtout par rapport à ce que vous voulez transmettre. Les labos ne peuvent pas « deviner » mais les bons labos comme Arcanes et Carmencita sont très à l’écoute et vous aideront de leur mieux à finaliser votre vision.


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