Révélateurs noir et blanc: les pouvoirs cachés!
Certains révélateurs noir et blanc ont des pouvoirs cachés! Enfin, ces pouvoirs sont cachés jusqu’à ce qu’on lise la fiche technique 😉
Avertissement: Ce qui va suivre risque de déplaire à la team « bain-perdu » (one-shot) ou ne sera simplement pas très utile à ceux qui ne développent qu’une pellicule par mois.
Dans un article précédent où je donnais quelques conseils pour développer ses pellicules noir et blanc, je donnais en premier conseil: Être économe avec son révélateur.
Suite à une discussion récente sur Facebook, je me suis dis que cela vaudrait peut-être le coup d’en faire un article complet!
En effet, la question posée m’a paru relativement simple: Quelqu’un a-t-il déjà créé un tableau qui listerait le nombre de pellicules que l’on peut développer dans différents révélateurs à différentes dilutions?
Pour info, la réponse est non mais bizarrement, je semblais être le seul à avoir compris sa question! En fait, je m’étais déjà posé cette question et j’ai aussi de suite fait l’analogie avec les kits de développement couleur. Genre, avec un litre de Téténal C41, on peut développer jusqu’à 16 pellicules. Et ça, sans contrarier ou choquer quelqu’un 😉
Du coup, pourquoi ne pas se demander combien de pellicules noir et blanc puis-je développer avec un litre de X-Tol pur? Même question pour un litre de Xtol dilué 1+1, et ainsi de suite pour tous les révélateurs déclinés dans leurs dilutions possibles.
Malheureusement, en noir et blanc, le bain perdu est tellement courant que quasiment plus personne ne se pose cette question.
Kodak Tmax dev
Si vous utilisez un révélateur comme le Tmax dev vous passez à coté d’un sacré potentiel en l’utilisant à bain perdu…
Voici le lien vers la fiche technique complète (en anglais et en gallons…)
Mais pour vous le faire en litres, voici une photo de l’étiquette du produit vendu en litres (CAT 505 0851):
Donc, avec un litre de Tmax dev dilué à 1+4 vous pouvez développer jusqu’à 12 pellicules. La team « bain-perdu » ne développerait que 2 pellicules 120 dans une cuve qui nécessite 500ml pour une 120… Avouez que c’est quand même dommage, non?
Maintenant, il y a un autre facteur à prendre en compte… La solution diluée se conserve moins bien que la solution stock. Donc, perso, je n’utilise pas une solution diluée d’une session de développement à une autre. Sachez quand même qu’une solution diluée (de Tmax) dans un flacon bien fermé et sans air peut se conserver jusqu’à six mois d’après Kodak…
Le nombre de pellicules que j’ai à developper pendant une séance de développement va donc aussi influencer le révélateur que je vais utiliser! En gros, si j’ai huit pellicules à développer, je vais utiliser le Tmax dev. Si je n’en ai qu’une, j’utiliserai du X-tol.
Pour info, vous pouvez trouver sur Massive Dev Chart d’autres taux de dilution pour le Tmax dev. Cela peut aussi permettre « d’économiser » du produit si vous avez vraiment peu de pellicules à développer. Il n’est pas nécessaire de passer au Xtol 😉
Kodak Xtol
Le Xtol peut s’utiliser pur ou dilué 1+1.
Quand il est dilué (1+1), il faut l’utiliser à « bain-perdu ». Une info importante à garder en tête, c’est que pour développer une pellicule et pour que le Xtol soit assez efficace, il faut au minimum 100ml de Xtol pur par pellicule. Cela ne pause aucun problème pour la plupart des cuves mais certaines cuves rotatives peuvent nécessiter moins de chimie et vous conduire à une cata avec du Xtol 1+1.
Quand il est pur, Kodak nous donne les chiffres suivants dans la fiche technique (en anglais)*:
Traduction:
Nombre de pellicules de 1 à 5 : utiliser les temps de développement normaux
6 à 10 : Augmenter de 15% les temps de développement normaux
11à 15 : Augmenter encore de 15% les temps de développement déjà ajustés (6 à 10).
* pourquoi la fiche du Tmax est en gallon et le Xtol en litre ? Je ne sais pas, mais sûrement que l’équipe qui écrit en gallon doit être l’équipe qui donne les temps de développement – voir l’article sur la TriX 400 😉
Donc avec un litre de Xtol pur nous pouvons développer jusqu’à 15 pellicules (135 ou 120). Quand vous faites attention à votre budget et que vous développez beaucoup de pellicules, la différence est vraiment significative!
Kodak HC-110
Voici encore un révélateur intéressant car le nombre de dilutions possibles est incroyable! Ce produit étant tellement concentré à la base que l’on peut le diluer jusqu’a 1+79 officiellement et encore plus officieusement.
En lisant sa fiche technique j’ai compris pourquoi les gens avaient arrêté de lire ce type de document 😉 Là c’est festival… On y trouve des gallons, des fluid ounce, des litres, des inches, des centimètres…
Les taux de dilutions se sont même vus attribuer des lettres! On a la dilution A, la B, la C, etc… Par contre, zéro logique! La A est moins diluée que la B mais la C aussi est moins diluée la B…
Toujours est-il que la dilution « star » est la dilution B, 1+31. Pour cette dilution, on trouve tout ce qu’il faut dans la fiche technique, pour le reste c’est au p’tit bonheur la chance 😉
Pour en revenir à la donnée qui nous intéresse, le nombre de pellicules par litre, on a ce tableau dans la fiche technique:
Là, c’est la dernière colonne qui nous intéresse car c’est pour une cuve et c’est par litre. Par contre, ce tableau ne correspond pas à celui donné sur les bouteilles… C’est pas logique mais à force de conversion il y a peut être eu confusion!
Le petit problème avec ce tableau (de la fiche technique ou de la bouteille) c’est qu’aucun ne mentionne de compensation de durée suivant le nombre de pellicules. Est-ce qu’il n’y en a pas ou est-ce qu’elles n’ont pas été établies?
Attention aussi à l’interprétation du tableau, dans le cas de la dilution F, la capacité serait de 1 pellicule mais il faut utiliser le litre complet de solution pour la développer…
Bon à savoir si vous voulez expérimenter: il faut au minimum 6ml de HC-110 concentré pour développer une pellicule!
De toutes façons, même en utilisant la dilution B, vous n’aurez pas autant de « perte » qu’avec le Xtol ou le Tmax. C’est donc moins « critique ».
En conclusion
Je ne suis toujours pas sponsorisé par Kodak donc j’aurais pu ajouter ce type d’information pour des révélateurs comme le Ilford Ilfotec DDX ou le Fotospeed FD10 mais je me suis dis que vous deviez déjà avoir la tête bien farcie avec toutes ces infos.
En gros, le message est: ne passez pas à côté du potentiel de votre révélateur! Si vous voulez un peu d’aide pour interpréter la fiche technique de votre révélateur préféré, je me ferais un plaisir de vous aider!
Est-ce que vous aviez déjà conscience de ce potentiel?